Un tronçon complet de jet « made in Ayherre »
Sur le site d’AYHERRE-HASPARREN, la société familiale franchit ainsi une nouvelle étape dans son vol amorcé en 1975
Ils étaient venus, ils étaient tous là, la semaine dernière pour la solennelle et symbolique remise à la société Dassault du premier tronçon ou T3 du jet Falcon 900/2000, entièrement « made in Ayherre ». Lauak ne fait donc plus seulement de la chaudronnerie, de l’emboutissage, du traitement de surface ou des sous-ensembles : elle devient capable de réaliser des structures entières. Et Dassault n’est pas son seul client.
Fabricant de tronçon
Déjà en 2005, Dassault avait confié à l’industriel la finalisation d’un tronçon pour le Falcon 2000EX, il s’agissait d’assembler des mâts/réacteurs sur le tronçon arrière du fuselage. En 2014, Lauak fabrique lui-même des tronçons, le T3 de l’avion d’affaires : un ensemble de 5 mètres de long, 2,50 mètres de diamètre et 650 kg. De plus, ce segment d’avion inclut un réservoir de carburant de 4 800 litres, une pièce devenue l’une des spécialités du constructeur basque. Et cette montée en gamme a nécessité l’embauche de trente salariés.
« Lauak », les quatre en langue basque, se veut toujours, pour autant, une société familiale où le capital est entre les mains des Charritton, parents et enfants. « Une situation simple, une santé financière très saine, et nous n’avons pas de problème pour trouver des concours bancaires », assure Jean-Marc Charritton, fondateur et actuellement président du conseil de surveillance. Les ventes en 2013 ont atteint 80 millions d’euros (62 en 2012 mais 17 en 2004) et l’effectif tourne autour de 800 personnes quand elles n’étaient que 230 il y a dix ans.
Les axes de l’avenir
« Nous sommes passés dans la catégorie des tronçonniers, résume Mikel Charritton, directeur général. Être assemblier c’est bien. Notre métier de base était les pièces élémentaires, mais maintenant Lauak doit tracer de nouveaux axes de croissance. » Et ils sont, justement, au nombre de quatre.
D’abord, le groupe veut mettre les gaz sur l’export, les ventes à l’étranger étant aujourd’hui marginales. Objectif : 20 % à l’international en 2020. « Des contacts encourageants sont en cours », et la conjoncture de forte concurrence ne rend pas les choses simples. D’autre part, Lauak entend accompagner ses principaux clients à l’extérieur : « Il n’est pas question pour nous de nous poser en Inde tout seuls, nous n’en avons pas les moyens ». Mais la société, déjà implantée au Portugal, souhaite suivre ou se placer à côté des usines de ses donneurs d’ordre hors des frontières.
Ensuite, le développement passe par « saisir les opportunités de croissance externe ». En clair, si des entreprises complémentaires ou dans une spécialité intéressante sont à portée de main, Lauak « regardera » comme elle l’a fait avant d’acquérir en 2012 Equip Aéro et en 2012 Top Micron en Midi-Pyrénées. Quatrième axe, « se diversifier dans les métiers de niche », là où la société n’est pas encore ou pas assez, par exemple dans la tuyauterie.
Deux projets d’extension
Des axes au concret, cela traduira d’ici 2015 par deux constructions : celle d’une usine agrandie à L’Isle Jourdain (près de Toulouse) pour y regrouper l’activité de Villemur (Top Micron) et Equip Aéro. Sur Hasparren même, un terrain jointif à l’un des bâtiments permettra d’étendre de 5 000 m² la surface de travail en Pays basque et donc d’accroître « les niches » au fur et à mesure de la montée en gammes.
Pour autant, Lauak et sa filiale Eskulanak continuent la fabrication de pièces primaires, « l’un de nos cœurs de métier » rappelle Jean-Marc Charritton qui détaille ainsi le plan de charge actuel du groupe : « Nous réalisons les réservoirs de carburant T3 et T4 des Falcon 900, le montage des mâts du T5 du Falcon 2000, les réservoirs de carburant des Gulfstream G280 et nous assurons l’assemblage des échangeurs thermiques destinés au conditionnement d’air de tous les programmes Airbus et de beaucoup d’autres avions». En 2005, le consortium Airbus a en effet consacré Lauak comme l’un de ses partenaires de rang 1, choix imité par d’autres donneurs d’ordre. Ce qui permet à l’entreprise de coordonner des réseaux de sous-traitance et de « gérer des work packages essentiels», en particulier pour les avions civils A380, A350 ou A 320.
Michel Garicoix